ASSEZ, de ce mot qui me torture
Assez, du bonheur, fausses voilures
du bateau de cette vie
où rien n'est permis
on nous fait croire à nous pauvres humains
à de jolies choses, à de beaux lendemains
Alors je vais lever l'armée
de ceux qui sont damnés
les oubliés, les esseulés
venez à moi, rejoignez moi
les réprouvés, les mal-aimés
les rejetés, les morts d'aimer
Piétinons ces 'heureux' qui nous narguent
Avançons ensemble, devenons l'armée du Mal
De ces champs fleuris, de ces rires qui cacardent
Faisons de tout çà, un noir et horrible bal
Brisons les enfin, ces 'joyeux'
Qu'ils deviennent des 'mal- heureux'
Qu'ils souffrent enfin tout ce que nous souffrons
Broyons-les, ainsi à leur tour de rage ils hurleront
Mettons le froid, la haine, et la douleur
Là dans leurs esprits, et leurs coeurs
Et quand nous les auront enfin vaincus
Que du monde enfin l'amour aura disparu
Debout sur le tas de fumier
Devenu monde noir et puant
Je demanderais à ma vaillante armée
De m'éradiquer, deviendrait suppliant
Et j'hurlerais avant de périr de la main de mes amis
Ton nom mille fois béni, ma douce Virginie
Et si les enfers ferment leurs portes, ne veulent pas de moi
Si l'innommable refuse de supplicier mon âme aux abois
Alors j'en créerai d'autres plus terribles, au fond des immensités
Où, seul et désarmé, cadavre d'amour rongé
Je t'aimerais pour l'éternité
Ozan